France Art

Micou Rouziès
Sculptrice
Rouziès
46140 Bélaye

Tél: 05.65.36.25.70

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La Plastique des sculptures de Micou Rouziès

Sculpter, c’est mettre en œuvre une écriture à part entière, tant narrative que sensible. Dans cette langue particulière les règles sont à inventer et le vocabulaire reste ouvert. Il permet de composer et d’assumer un univers symbolique qu’il enrichit et questionne autrement. La sculpture est toujours d’abord poïétique, parce qu’elle est nécessairement cette « création d'ouvrages dont le langage est à la fois la substance et le moyen » : poésie de matérialité élue, un faire d’images concrètes, une transfiguration de matière et d’esprit qui refusent d’être séparés ou simplement duels.
Le choix des matériaux est éloquent : il revendique l’esthétique de l’humble, du simple et du rebut. Ce sont des matériaux de base : plâtre, terre, tissus ; mais aussi des matériaux de récupération : ferrailles pour les armatures (grillage, fil de fer), couvercles, gaze, dentelles, étoupe, ficelles, feuilles de cigarettes, cheveux, branches, feuilles, mousses, pierres, bois, os, champignons séchés…
Les sculptures racontent la fragilité de l’existence, mais autant sa possible beauté, et le désir têtu d’authentiques joies. Aucune anémie, aucune asthénie, seulement la débilité d’un monde où la douleur et la mort viennent toujours du désir égocentrique de quelques-uns. Pour nombre d’individus, des briseurs de cœurs, des salisseurs de corps ou des haïsseurs d’esprit, des égotistes mesquins et rétrécis, le bonheur passe trop souvent par la négation, l’aliénation ou la domination de l’autre. Narcissisme, indifférence et égoïsme peuvent conduire, par les nombreux faisceaux de la violence, au mépris des autres. C’est de cette violence qu’il faut s’extraire, et c’est cette violence qu’il faut neutraliser et vaincre. Il suffit de s’immerger avec attention dans l’univers de Micou Rouziès pour entr’apercevoir, au milieu de ses femmes sculptées, le monde qu’elles inaugurent. Un monde où légèreté et profondeur ne sont pas antinomiques. La vie n’y est pas déficiente. Jamais.
La gravité du propos n’exclut jamais l’espoir. Au contraire : dire gravement, sans lourdeur, sans fausse légèreté, est un défi qui vaut la peine d’être relevé : c’est un pari sur la vie. Pour rendre la lumière il faut s’extraire d’une morne moitié d’ombre. Sans ombre, même la lumière serait terne, informe et inutile. La vie est donc pleine de ces degrés de lumière et de tensions qui tracent des lignes de séparation… comme des brisures.

Texte de Gérard Fronty, Août 2004.































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