France Art
FEUILLET Claude
Claude Feuillet
2 Villa l'Ermitage
75020 Paris

Tél: 06.68.51.54.91

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Pour la quidam(e) que je suis, les œuvres artistiques se divisent en deux : Celles qui relèvent d’un On s’en remettra et celles qui sont A tomber par terre, moins nombreuses qu’on tente de nous le faire croire… Ainsi ai-je été foudroyée en découvrant Les Amants de Claude Feuillet et ne suis-je pas prête de me remettre de ce coup de foudre, choc esthétique décrit par Stendhal et confirmé par la science. C’est que l’électricité parcourt la matière. L’acupuncture et la transfiguration, le savent bien. Car est un ce flux qui traverse l’étant tout entier, inerte et vivant. Ou plutôt une, comme une grande mère ordonnançant un monde dans lequel chaque objet, chaque être, qu’il soit végétal, animal ou humain, taxinomie inadéquate à l’univers pictural dont nous parlons, prospère pour son propre compte.

Ainsi, électromécanique et gestionnaire, l’œuvre de Claude Feuillet crève t-elle l’écran car chaque élément y apparaît dans sa plénitude, que ce soit le récurrent fauteuil écarlate dans sa jubilation extatique, le chat volant Rubens faisant du pied au dentifrice et salivant son existence au milieu des femmes plantureuses - corps de déesses omniprésentes - mais aussi des poires au bain et non au vin comme le précise l’auteur encore que… des citrons accouplés, des baignoires lascives et de toutes les choses ainsi magnifiées, des brosses à dents embrassées d’être logées dans le même verre aux pélicans narquois sillonnant des paysages d’anémones arborescentes à mémoire matricielle et tropicale. Et que dire alors de La Grande Toute, cette Déesse dont Apollon à Delphes à sacrifié le Python, lointain cousin de l’escargot, Vierge à l’enfant rétablie là dans sa forme de Sainte Sirène, accueillante à tout gastéropode, la nitescence auréolant sa tête?

Cette fresque païenne de la vie du monde enchante qui la regarde et l’attire dans son antre philosophale. Cette Nature qui nous est ainsi présentée, amoureuse Grande Dévoration où chacun vit de tous, n’est pourtant pas odieuse car tantôt ceci tantôt cela, à son encontre, l’ultime jugement n’est jamais prononcé. L’univers qu’on découvre là est inversé. Il ne s’agit pas de son envers mais d’une autre répartition du en et du hors qui structure l’Occidentalité en sujet s’excluant d’un monde qu’il confine au rôle d’objet, créant un système de représentation qui ne peut plus dès lors, rendre compte ni de la globalité ni du permanent mouvement.

Tout au contraire, cette oeuvre témoigne là d’un biotope adonné à la persistance en soi de la mémoire de la gestation maternelle qui n’ayant pas été reniée permet à la vie totale de prospérer parce qu’elle ne retire rien qui ne soit d’une façon ou d’une autre, redonné. Et parce qu’il a pris le parti de se souvenir de cette précédence toujours présente même lorsqu’elle est - comme dans notre civilisation - scotomisée, il est donné à ce peintre, artisan de l’âme commune de rouvrir les portes qu’une pensée monothéiste hors-sol avait en se débarrassant d’Elle, fermées.

Il est des êtres de lumière, Claude Feuillet en est un.

Jeanne HYVRARD
















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